Conférence n° 48, #H.F. Thiéfaine 21, CTELA (en Zoom), lundi 12 février 2024 à 18h
« où Nerval a pendu son linge & sa mémoire » :
présence de Gérard de Nerval dans le discours poétique des chansons de H.F. Thiéfaine
Construite autour du renvoi à la dernière lettre écrite par le poète, l’évocation remarquablement complexe du suicide de Nerval contenue dans Le jeu de la folie suffit à établir l’importance et la densité du dialogue implicite mis en œuvre dans le discours poétique des chansons avec l’œuvre – vers et prose confondus – du poète romantique, dont le parcours artistique et biographique constitue un arrière-plan récurrent de la peinture thiéfainienne du « poète illusoire ». La quête de « transparence & d’épouvantes mystiques », l’exploration menée « le long de la frontière qui jouxte l’inconnu » et menant inéluctablement « vers la folie » se révèlent comme des indicateurs nervaliens tout aussi frappants que la construction syncrétique dévoilant comme des aspects complémentaires d’un même féminin sacré « Isis & Déméter, les matrones associées », « votre si bonne Vierge Marie », la « sainte Lilith » invoquée dans son « cabaret » ou Lorelei-Mélusine en tant qu’archétype de la « fille océane ». Au fil d’une « métempsychose » dont les « futurs enchaînés » voient leur succession régie par des « hiéroglyphes » auquel seul a accès le poète, l’accentuation nervalienne est déclinée de façon récurrente du « soleil noir » aux « crépuscules d’automne », et jusque sur le mode du détournement homophonique réalisé dans le renvoi à « cet hôtel / où je dois jouer les victimes », qui dote le susbtrat originel de possibilités exégétiques restées jusqu’alors latentes. Prolongeant en outre l’exploration du dialogue avec les poètes de langue allemande que Nerval a traduits et fait connaître en France, la passionnante entreprise que constitue reconstitution de la strate nervalienne du discours des chansons donne à elle seule accès à une forme de quintessence de l’écriture de Thiéfaine.
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