« je repense à Svidrigaïlov » :
présence de Fjiodor Dostoïevski dans le discours poétique des chansons de H.F. Thiéfaine
« amants » ou « assassins », hantés par un « double » ou se présentant comme un « idiot » qui dissimule un « voyant solitaire », au bord de la « folie » et/ou du « suicide » ou habitants de « souterrains rances », les personnages des romans ou des nouvelles de Dostoïevski « défilent » sans interruption dans le corpus thiéfainien qui en propose une recréation saisissante et d’une exactitude minutieuse, invitant à projeter toute l’ampleur complexe et les intrications multiples de la prose narrative sur le raccourci fulgurant des formulations poétiques. Qu’il s’agisse – pour ne citer que quelques exemples – du « comme une sentence » qui ponctue Une ambulance pour Elmo Lewis, de l’évocation du « sang des tout-petits » qui est au cœur de Demain les kids ou bien encore de la « vieille guenille » des Confessions d’un never been, l’identification du parallèle dostoïevskien et des modalités de sa réaccentuation vient chaque fois enrichir le spectre des options herméneutiques par un rapprochement aussi inattendu que révélateur. S’ajoutant aux renvois quasi explicites tels qu’ils abondent par exemple dans Les filles du sud – dont le texte offre à lui seul un abrégé symbolique de la production de l’auteur russe –, la strate implicite de provenance dostoïevskienne superpose au déploiement de la dynamique discursive un contrepoint « souterrain » à la densité remarquable, et dont la mise en place s’opère de surcroît par le biais de la déclinaison scrupuleuse des codes régissant la « poétique de Dostoïevski » telle que la définit Mikhaïl Bakhtine.
Comme toujours, le lien est à demander par mail à Francoise.SALVAN-RENUCCI@univ-cotedazur.fr ou Sylvie.LAUS@univ-cotedazur.fr.
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