On peut la retrouver à l'adresse https://www.youtube.com/watch?v=-vi2Cm_4RIQ sur la chaîne https://www.youtube.com/@FrancoiseSalvanRenucci/featured.
Pour mémoire, son thème est :
« que les dieux nous métamorphosent » : présence d’Ovide dans le discours poétique des chansons de H.F. Thiéfaine
La présence récurrente de « mutants » en tant que produits d’une « métamorphose » aux effets imprévisibles suffit à faire de l’œuvre d’Ovide un des repères associatifs centraux du discours des chansons, au sein duquel l’évocation des figures mythologiques de Narcisse, Orphée, Eurydice, la Sibylle ou Méduse, sans oublier « faune », « stryges », « violents cyclopes » ou encore « satyres enjôleurs & ménades dévoreuses », renouvelle avec autant de pertinence que de précision les modèles contenus dans les vers du poète latin. Des accents ovidiens d’une tout autre nature sous-tendent également le renvoi à l’« exil » comme modalité essentielle de l’existence, le discours poétique articulé « du fond de ton exil » faisant écho avec une acuité saisissante à la mention de la sanction complémentaire qu’est la relegatio telle qu’elle vient frapper les « chiens à demi-fous qu’on relègue à la mort ». Le sort qui attend « les âmes nuageuses nimbées de sortilèges » ou l’« ombre vaporeuse / âme anonyme / errante & silencieuse » trouve chez Ovide une préfiguration littérale, alors qu’il en va de même pour les scènes de « bacchanales » ou d’« ivresse des tambours fous » se déroulant sous le regard d’une menaçante « lune noire » et mises en œuvre par une « sorcière » avide de « sang chaud » et autres « cruautés ». C’est enfin à travers la référence à Ovide que le « beau militaire » et ses autres équivalents dévoilent leur enracinement premier dans la militia amoris dépeinte comme l’exercice d’un Art d’aimerplacé sous le patronage de Vénus, et dont un retrouve un autre écho modifié dans l’allégeance de principe à un Eros über alles à la domination universelle.
Le rôle essentiel dévolu à la lecture étymologique, telle qu’elle invite par exemple à l’activation du sens latin des épithètes dans la variation ovidienne que constitue le distique « mais j’suis fait d’une matière débile indélébile / & je ne sais plus quoi faire pour me rendre inutile », vient compléter l’analyse d’un dialogue sous-jacent fructueux et riche de résonances multiples, qui constitue un superbe hommage à un des plus grands poètes de l’Antiquité.
Quelques compléments n'ayant pu trouver leur place faute de temps le soir du 15 janvier seront bientôt consultables dans la section Commentaires.
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